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Ginette KOLINKA, matricule 78599 à Auschwitz-Birkenau.

Deux ans que nous l’attendions, deux ans que la pandémie et les confinements faisaient reculer sans cesse la date !

Enfin, jeudi 21 Avril, à l’initiative de Nicolas Planche, professeur d’histoire au Lycée Théophile Roussel et l’association l’ANACR présidée par Dany Rouveyre et grâce à Mme Hugon, maire de Saint Chély qui nous a gracieusement ouvert les portes du Quartz, ce sont plus de 600 jeunes qui ont pu écouter le témoignage précieux de Ginette KOLINKA, rescapée du camp de Birkenau.

Nos élèves très impliqués avaient fait des recherches et préparé des questions pour profiter au maximum de ces échanges. Très attentifs, ils ont pris réellement conscience de la réalité des souffrances engendrées par la haine et de la lutte toujours actuelle.

Malgré l’âge (97 ans !!), Ginette reste toujours aussi élégante et pétillante ! Elle a gardé la gouaille de ce Paris où elle est née en 1925. Elle commence par une question : « Comment vous me trouvez ? » « Belle, élégante, resplendissante !! » « Mais non, je ne veux pas un rendez-vous !! » Ginette introduit ainsi son histoire tragique ! « Pour les nazis, et je dis bien les nazis pas les Allemands, je n’ai pas le droit d’exister parce que je suis juive ! » Et elle raconte.

Sa famille aimante, la jeunesse insouciante, le sport et puis l’étoile jaune, les parcs, les piscines, les théâtres……interdits aux Juifs et puis l’interdiction pour son père d’employer des non-Juifs, la décision de partir en Avignon quand la situation devient trop dangereuse.

Pour Ginette, la vie reprend jusqu’à ce 13 Mars 1944 où la Gestapo attend à la maison ! Sa famille a été dénoncée !! Elle, son père, son petit frère de 12 ans Gilbert, son neveu Georges (Jojo), 14 ans sont transférés au camp de Drancy avant le voyage pour « Pitchipoï ». (Nulle part en hébreu !)
Le train de marchandises, la soif, la tinette qui déborde et pourtant, Ginette n’a pas peur. « J’étais persuadée que les nazis nous amenaient dans un camp de travail ». Elle sait aujourd’hui que son père avait compris mais qu’il lui a laissé cet espoir !
Même en voyant les cheminées, elle pense encore que ce sont celles des usines où elle va devoir travailler. Ginette dit aussi à son père et son frère épuisés par le voyage de monter dans les camions.

Elle, rejoint un petit groupe de femmes entre 15 et 45 ans. Et les humiliations commencent !
La première d’une longue liste sera pour Ginette, très pudique, de se mettre totalement nue ! Puis les femmes sont rasées et tatouées : Ginette sera le matricule 78599.
Aux détenues qui les tondent, elles demandent : « Quand est-ce qu’on verra ceux qui sont montés dans les camions ? » « Jamais, ils sont tous partis pour la chambre à gaz ! »
A ce moment, aucune du convoi ne veut y croire. Mais très vite, l’odeur qui sort des cheminées leur enlèvera tout espoir. Pour Ginette, c’est terrible. Elle se dit qu’elle a envoyé ses proches à la mort et ce sera l’un des tourments de sa vie.

Comment a-t-elle survécu au travail harassant, aux coups, aux brimades, aux privations ? « Peut-être est-ce une question de chance ? Oui, j’ai eu de la chance, celle de ne pas être sélectionnée pour la mort, celle d’être partie de ce camp 7 mois plus tard ». Ce sera alors Bergen-Belsen puis en février 1945, une usine d’aviation près de Leipzig et en avril 1945, Theresienstadt.
Mais comme beaucoup, Ginette a le typhus et va rester un mois entre la vie et la mort !
Le camp libéré par l’Armée rouge, elle est rapatriée en France, Lyon puis Paris en mai 45.
Devant l’espoir de sa mère de retrouver son mari et son fils, Ginette est brutale : « Ils ont été gazés et brûlés !! » Le camp lui a enlevé tout sentiment de compassion et elle ne sait plus pleurer !

Dans les années qui suivent, elle essaie de se reconstruire mais elle ne parle jamais de déportation et surtout pas avec ses proches. Plusieurs faits vont pourtant la convaincre de témoigner et entre autre, la réflexion moqueuse de cette dame en voyant son numéro tatoué : « Vous avez peur d’oublier votre numéro de téléphone ?? »

Depuis, Ginette témoigne, jamais larmoyante mais avec toujours le même appel à la tolérance, le même message : « Méfiez-vous de la haine, c’est un début de Birkenau. Maintenant, c’est à vous d’être les passeurs de cette histoire. Soyez nos petites graines !! »

Nos élèves admiratifs de l’énergie et l’esprit positif de Ginette se sentent prêts à reprendre le flambeau ! Ils ont été impressionnés par la force et la justesse de sa voix quand elle chante le Chant des Marais auquel elle tient beaucoup ! Ce chant de lutte antifasciste est devenu l’expression du souvenir des souffrances et des morts que Ginette et tous les autres déportés ont laissé là-bas mais qui sont toujours dans leur cœur.

Et pourtant, quand vous lui demandez si elle a confiance en l’homme, elle vous répond « Bien sûr que oui ! »
Vous êtes une belle âme Madame KOLINKA !